Lassés de jouer aux indiens sur les mottes de Château-Vert, de longer l’Aubonne jusqu’à Bière ou jusqu’au lac et la traverser à gué, de jouer aux spéléologues dans les grottes et ne connaissant pas encore, à l’époque, le mouvement scout, quelques jeunes d’Aubonne, âgés de 15 à 18 ans, au printemps 1914, décident, lors d’une séance tenue à ciel ouvert, sous les sapins bordant le côté Nord du terrain du Chêne, de fonder un club de football. Pourquoi les footballeurs baptisent-ils leur club Chêne-Aubonne ? Pour la simple et bonne raison que c'est sur la place du Chêne qu'ils évoluent !
Les débuts sont difficiles, les soucis financiers nombreux vu le manque total d’aide de l’extérieur.
Un des joueurs ne doit-il pas travailler dix jours à la vigne pour pouvoir s’acheter une paire de souliers de football !
En ce temps-là, cette nouvelle activité sportive a encore bien des détracteurs, surtout dans nos campagnes vaudoises. Lentement, mais sûrement, et surtout grâce au dévouement et à l’enthousiasme des dirigeants et fervents de ce beau sport, le football acquiert droit de cité. Toujours plus nombreux sont les spectateurs pour assister aux rencontres épiques entre le FC Chêne et ses rivaux de toujours, à savoir : Saint-Prex, Allaman, puis Perroy et Rolle, rencontres où la technique du jeu cède encore par trop souvent le pas à la dureté, car le résultat seul semble compter.
Les cotisations se montent à 10 centimes par mois, mais déjà des sanctions sont prises contre les mauvais payeurs !
Les assemblées sont toujours bien fréquentées et se déroulent au local du club, dans une salle du Casino, puis plus tard au Café du Lion-d’Or, chez Mme Tardy, Maman Tardy comme on l’appelle, et qui fait beaucoup pour la société.
Petit à petit, le club s’organise et des décisions importantes sont prises. Par exemple, en 1917, le Comité s'occupe de la question d’assurer ses membres en cas d’accident, auprès d’une compagnie d’assurances.
Les rapports avec la Municipalité ne sont pas toujours cordiaux ; cette dernière écrit souvent des lettres de réclamation, concernant le terrain du Chêne. Ainsi, pour avoir fauché l’herbe sans autorisation, La société se voit infliger une amende de 10 francs.C’est en 1918 que le Comité demande son admission au sein de l’Association cantonale vaudoise de football.
Jusqu’en 1920, rien de spécial ne se produit ; le club n’a plus beaucoup d’activité, la première guerre mondiale en est la principale raison, mais au printemps de cette même année, plusieurs membres dévoués à la cause du football prennent l’initiative de convoquer une assemblée générale.
Cette assemblée est fructueuse et de nombreuses décisions sont prises. La question financière donne lieu à bien des réflexions, mais comme « plaie d’argent n’est pas mortelle », les membres, après avoir donné leur avis, se mettent d’accord avec la proposition du Comité, à savoir : cotisation extraordinaire de 2 francs pour chacun, plus la somme de 50 centimes par mois, y compris le mois de mai. Les cotisations arriérées ne sont pas perçues alors que la finance d’entrée est désormais de 3 francs.
Comme on le voit, le club est bien décidé à faire parler de lui, et ses efforts sont récompensés. En effet, depuis cette assemblée mémorable et jusqu’en 1924, le club s’agrandit, les résultats sont satisfaisants, autant sur le plan financier que sportif.
En 1924-1925, la 1ère équipe remporte le titre de champion de groupe en série B.
Le résultat de la saison 1926-1927 est aussi réjouissant, puisque le titre de champion de groupe est à nouveau obtenu.
Au cours des années 1928, 1929, 1930, le club ne fait que peu parler de lui ; plusieurs présidents se succèdent à intervalles plus ou moins rapprochés, ce qui prouve que tout ne tourne pas rond.
L’année 1929 est une année noire pour le Chêne FC où son destin va se jouer. En effet, depuis le printemps, plus aucun signe de vie n’apparaît. Le 2 novembre, une poignée de jeunes se réunit au local et nomme, comme en 1920, un Comité provisoire chargé de rassembler tous les éléments possibles afin de connaître la situation et de décider si l’on peut sauver le club ou s'il faut en fonder un nouveau. Finalement le statu quo est maintenu. Le 9 avril 1929, le club ainsi que le capitaine de l'équipe se voient infliger une amende de fr. 10,00 par l'Association Cantonale Vaudoise de Football pour avoir fait jouer un joueur sous un faux nom.
En 1932, on décide de former à nouveau une deuxième équipe.
Un changement radical s’opère dès 1934 dans la vie du club qui remporte alors des victoires magnifiques sur les terrains, sans oublier ses succès en tant que société locale lors des soirées théâtrales. Coïncidant avec le 20ème anniversaire, la saison 1934-1935 reste longtemps gravée dans les mémoires. L’effort est concentré sur une première équipe forte, renforcée d’un seul élément de l’extérieur, à savoir le gardien, joueur de classe. Cet effort est récompensé par le titre de champion de groupe.
Ce magnifique résultat – ascension – longtemps souhaité devient réalité et est fêté comme il se doit. L’équipe est reçue au carnotzet communal où le « 34 » est très apprécié. Des remerciements sont alors adressés à tous ceux qui ont collaboré à ce succès, en particulier à M. P. Nerfin, alors syndic de notre petite ville, pour ses interventions permettant à l’équipe de se présenter au complet lors des matches importants et à M. P. Gaggio, fidèle supporter qui, un dimanche, s’en va au Sentier pour y chercher un joueur, et cela par 50 centimètres de neige ! Bel exemple d’attachement au club, attachement qui se manifeste encore souvent de sa part, ce qui lui vaut plus tard le titre de président d’honneur, après celui de membre d’honneur.
La soirée du 20ème anniversaire connaît aussi un beau succès. En un temps record, la comédie Mon Bébé est présentée au public, grâce au concours de Mlle J. Falconnier.
Ainsi se termine une saison pleine de vives émotions et de joies, riche en enseignements – discipline, camaraderie, courtoisie – qui est l’aboutissement d’un effort collectif.
Noblesse oblige ! … Il s’agit, dès l’année suivante, de conserver sa place en 3ème ligue. L’apport d’un sang nouveau, sous forme de joueurs n’habitant pas la localité, est devenu nécessaire.
Mais la gentillesse, l’esprit et la vraie camaraderie de ces gars venus de l’extérieur ont tôt fait de dissiper tout malentendu ; aussi le« onze » au maillot rouge et jaune devient rapidement pour le public d’Aubonne son
équipe.
Cette dernière se maintient en 3ème ligue.
La saison suivante, 1936-1937, est également bonne, puisque l’équipe fanion termine deuxième, à trois points de Malley.
L’ancien et dévoué président A. Dallenbach se voit décerner le titre de membre d’honneur au cours de cette année 1937, pour les services rendus envers le club.
Les Aubonnois conservent leur place en 3ème ligue, les saisons suivantes, mais l’orage se prépare. Est-ce l’approche de la deuxième guerre mondiale ? Toujours est-il que pour commémorer dignement le 25ème anniversaire, le Comité en charge se met sérieusement à la tâche afin de préparer une kermesse et un grand tournoi. Hélas, le peu d’empressement des membres n’est pas pour encourager ceux qui ne ménagent ni leur peine, ni leur temps. La fête est juste terminée que la guerre éclate, laissant le club, comme beaucoup d’autres, devant des difficultés et de grands problèmes.
Un championnat dit « de mobilisation » a quand même lieu au cours de la saison 1939-1940, mais le Chêne FC doit la plupart du temps jouer à neuf, et ce qui doit arriver arrive, c’est-à-dire qu’au terme du championnat disputé évidemment avec une seule équipe, les Aubonnois se retrouvent derniers. Et comme un malheur n’arrive que rarement seul, la commune prend possession du terrain, comme en 1917, pour y semer du blé, si bien que dès le 27 juillet 1940, c'est la fin de l’activité de la société qui ne donne plus signe de vie jusqu’au 30 mai 1942, soit près de deux ans plus tard.
C’est à cette date que plusieurs anciens membres dévoués convoquent une assemblée reconstitutive. Une vingtaine de « mordus » y répondent et un nouveau Comité reprend le collier et est bien décidé à tout entreprendre pour que le Chêne FC refasse honneur à ses couleurs.
La première saison, en 1942-1943, voit l’équipe se classer finalement cinquième.C’est ainsi que l’année suivante, c’est la deuxième place qui est obtenue.
Puis vient la magnifique performance de la saison 1944-1945. En effet, moins de trois ans après sa reconstitution, c’est à nouveau l’ascension en 3ème ligue après un championnat où l’équipe n’a pas connu la défaite en 14 rencontres.
C’est en 1947 que le Comité décide de former une équipe de juniors.
En 1949, G. Deléchat se voit décerner le titre de membre d’honneur, et en 1950, c'est au tour de J. Wehrli, tous les deux anciens et dévoués présidents.